Disparités entre l’enseignement du Portugais et son importance

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Le Portugais est la troisième langue européenne la plus parlée dans le monde, après l’Anglais et l’Espagnol, et la 6ème langue tout court au niveau mondial. Je ne parle bien sûr que des 230 millions de personnes qui l’ont pour langue maternelle.

La croissance économique du Brésil, qui est en train de se faire la place de géant qu’il mérite (la moitié de l’Amérique du Sud, c’est le Brésil, avec ses 190 millions d’habitants) se répercute également sur le prestige de la langue portugaise, une langue au vocabulaire extrêmement riche, influencée par l’expansion maritime des Portugais aux XVème siècle et les contacts qui en découlèrent avec le reste du monde.

Le Portugais, qui est une langue relativement facile à apprendre de par sa proximité linguistique avec l’Espagnol, avec le Français ou l’Italien (langues romanes, d’origine latine), n’est pourtant quasi pas enseignée en France. De plus, au niveau littéraire, elle est très peu reconnue : un seul prix Nobel de littérature obtenu pour une langue si importante au niveau mondial. Merci José Saramago, digne représentant de la langue portugaise, mais certainement pas le seul, et, selon les points de vue, pas le meilleur non plus. Les prix Nobel de littérature ne sont de toute façon clairement pas représentatifs (un seul prix arabe, un seul chinois, et 26 anglais en plus d’un siècle… ).

Pourquoi une telle méconnaissance? Peut-être parce que pendant longtemps, le Brésil était un pays du tiers-monde, que le Portugal était un petit pays européen sclérosé par la dictature, et que les émigrés Portugais ne contribuaient pas à donner du pays une image de pays d’écrivains.

C’est un comble, au pays des poètes (pensons un instant à Fernando Pessoa ou Sofia de Mello Breyner Andresen). Mais il faut dire que le Portugal ne valorisait pas non plus ses écrivains, le pays lisant très peu lui-même. Heureusement ça change, le pays étant de plus en plus cultivé, un très gros effort a été fait avec l’éducation depuis son entrée dans l’Union Européenne.

La langue portugaise annonce donc clairement un déficit de prestige dans le monde, malgré son importance de facto. Surtout en Afrique d’ailleurs, le Portugais y sert beaucoup de Lingua Franca.

Quelques chiffres, à méditer :

A la rentrée 2004, seuls :

  • 0,02% des collégiens et lycéens français avaient le Portugais en LV1
  • 0,018% des collégiens et lycéens avaient le Portugais en LV2
  • 0,4% l’avaient en LV3

Nous savons que dans les prochaines années, il y aura forcément plus de demande de la part du marché professionnel de lusophones. Tant mieux pour les franco-portugais :)


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